Décembre est un mois paradoxal. En surface, c’est la période des lumières, des fêtes, du “bientôt les vacances”. Mais dans beaucoup d’équipes, derrière les sourires de façade, la réalité est plus lourde : une fatigue profonde, accumulée, parfois dangereuse.
À ce moment de l’année, une question revient souvent :
“Est-ce que je suis juste fatigué·e… ou est-ce que je frôle quelque chose de plus sérieux ?”
Distinguer une fatigue normale d’un risque réel de burn-out n’a rien d’intuitif.
Et trop souvent, on confond signaux d’alerte et “états d’âme”, ou pire : on réduit l’expression d’une souffrance à une “demande de confort”.
Beaucoup d’organisations sont réticentes à s’ouvrir au sujet de la santé mentale par peur d’être envahies de requêtes farfelues et capricieuses.
Au contraire, s’intéresser à la santé mentale des individus et des organisations, c’est s’intéresser à la capacité à mobiliser une équipe engagée notamment dans un contexte économique tendu.

1. Le mythe du « dernier sprint »
Chaque année, on l’entend :
“Courage, c’est la dernière ligne droite.”
“On tiendra bien jusqu’aux vacances.”
“Encore un petit effort.”
Ce rituel sonore du mois de décembre est normalisé.
Mais derrière, il cache souvent un autre phénomène : un état d’épuisement déjà avancé.
Le problème avec l’idée du “dernier sprint”, c’est qu’elle suppose qu’il reste de l’énergie à mobiliser. Or, pour beaucoup, il n’y a plus de réserve.
C’est comme demander à quelqu’un de courir plus vite… alors qu’il marche sur les genoux.
2. Les signaux physiques à prendre au sérieux
Le corps est souvent le premier à parler — bien avant la tête.
- Troubles du sommeil (réveils nocturnes, insomnies, sommeil non réparateur)
- Tensions musculaires persistantes (nuque, mâchoire, épaules)
- Maux de tête réguliers et impression d’être “en surcharge”
Ces signes ne sont pas “une petite fatigue saisonnière”. Ils indiquent que le système nerveux est en surchauffe.
3. Les signaux émotionnels : ce qui déborde malgré soi
En décembre, l’émotionnel déborde plus vite — et ce n’est pas un problème de “fragilité”.
- Irritabilité ou impatience inhabituelle
- Sensation d’être submergé·e par la moindre demande
- Hypersensibilité ou épisodes de découragement
Ce sont des signaux que le réservoir émotionnel est vide.
4. Les signaux comportementaux : quand tout devient plus difficile
Lorsque le mental fatigue, nos comportements changent.
Parfois discrètement :
- Perte d’efficacité malgré des efforts constants
- Difficulté à décider, même pour les choses simples
- Procrastination inhabituelle, comme une impossibilité à se mettre en mouvement
C’est l’équivalent psychique d’un moteur qui cale.
5. Comment réagir — pour soi ou pour un collègue
La prévention du burn-out n’est pas un geste héroïque.
Ce sont des actions simples, précoces et concrètes.
• Parler tôt
Sans dramatiser, mais sans minimiser non plus.
Un échange ouvert suffit parfois à dégonfler la pression.
• Faire un point sur la charge réelle
Pas ce qui est “supposé”, mais ce qui se passe réellement :
projets en cours, interruptions, sollicitations, tensions.
• Réorienter vers un professionnel si nécessaire
Médecin traitant, psychologue, médecine du travail.
Le soutien professionnel n’est pas un aveu de faiblesse — c’est un acte de protection.
• Solliciter un référent PSSM s’il existe dans l’entreprise
Formé aux Premiers Secours en Santé Mentale, ce référent peut écouter, orienter et éviter les maladresses qui aggravent.
Conclusion : le burn-out n’arrive jamais “d’un coup”
Il s’annonce toujours. Par des signaux subtils que l’on choisit parfois de ne pas voir.

